Baby
Marcelo Caetano, Brazil, France, Netherlands, 2024o
After being released from a juvenile detention center, Wellington finds himself alone and adrift on the streets of São Paulo, without any contact from his parents and lacking the resources to rebuild his life. During a visit to a porn theater, he encounters Ronaldo, a mature man, who teaches him new ways of surviving. Gradually, their relationship turns into a conflicting passion, oscillating between exploitation and protection, jealousy and complicity.
Quarante-deux ans après sa mort, Fassbinder nous manque et on aurait souhaité que Baby soit de la même teneur que Le droit du plus fort (Faustrecht der Freiheit), chef-d’œuvre de cruauté et d’homoérotisme noué autour d’un jeune prolétaire paumé. C’eût été beaucoup demander à Marcelo Caetano qui, aussi habile réalisateur qu’il soit, n’est tout simplement pas Fassbinder. Et quand bien même on lui reprocherait d’avoir livré une version édulcorée du Droit du plus fort, dont Baby reprend plus ou moins la trame en prenant soin d’enlever les éléments les plus corrosifs, on serait mal inspiré de s’en tenir à ce jugement hâtif. Car le film n’est pas dénué de mérites, à commencer par la belle leçon qu’il nous donne, à travers son personnage d’ancien détenu fraîchement sorti de prison, sur deux ou trois choses essentielles de la (sur)vie: livré à lui-même, c’est-à-dire aux rues de São Paulo, le jeune Wellington rencontre un homme d’âge mûr qui fait commerce de son corps pour subvenir à ses besoins. Sensible au charme de l’éphèbe, ce dernier le prend sous son aile et voilà que les deux hommes se mettent en ménage, vivant de prostitution et de trafic de stupéfiants dans un mélange de bienveillance mutuelle et de passion possessive. Plus tard, Wellington essaiera de s’arracher à son milieu social en séduisant un homme que les fins de mois ne font pas frémir. Il ressortira de l’expérience avec une chemise neuve et un téléphone, à savoir pas grand-chose. Qu’importe: retombant sur ses pattes, il continuera de tracer sa route en zigzag dans l’existence. On n’en dira pas plus sur l’intrigue, qui fait la part belle autant aux petites joies qu’aux vrais malheurs. Et si le film donne parfois l’impression de trop chercher à nous réconforter, en montrant que tout n’est pas si grave, on serait bête de cracher sur sa tendresse. Bordel.
Emilien GürGalleryo



